Suite à la réussite fulgurante de l’entreprise céramique Perrusson dans les années 1860, Jean-Marie Perrusson édifie en 1869 une demeure patronale à côté de l’usine. Sa construction s’échelonne entre 1869 et 1895. En 1869 est érigé le pavillon Perrusson, demeure patronale au style typique de l’architecture bourgeoise du XIXesiècle, lieu de résidence de Jean-Marie Perrusson et sa famille. Environ 25 ans plus tard, entre 1892 et 1895, est érigé le pavillon Desfontaines créé par l’architecte Tony Ferret. Les deux pavillons réunis forment un seul bâtiment, la villa Perrusson.
Le nom Desfontaines fait référence au gendre de Jean-Marie Perrusson. En 1880, sa fille Eugénie épouse Marius Desfontaines. Le jour de son mariage, il entre au capital de l’entreprise qui devient alors Perrusson-Desfontaines. Le pavillon Desfontaines est le lieu de résidence du petit-fils de Jean-Marie Perrusson et directeur de l’usine de 1909 à 1936, Gabriel Desfontaines, puis de ses successeurs jusqu’en 1960.
La villa Perrusson se démarque par sa décoration colorée et exubérante, faite d’éléments céramiques fabriqués dans l’usine attenante. La construction du pavillon Desfontaines transforme la fonction du bâtiment. Maison patronale en 1869, elle devient demeure catalogue des modèles produits par l’entreprise à la fin du XIXe siècle. Concept utilisé par les industriels jusqu’au XXe siècle, la demeure catalogue est à la fois un lieu de vie et un objet publicitaire.
Chaque élément en céramique de la villa Perrusson est un produit fabriqué par l’entreprise et disponible à la vente. Cette maison catalogue illustre à la fois la réussite sociale et le sens des affaires et de la communication des Perrusson-Desfontaines, le tout dans un goût Belle Epoque.
Le pavillon Desfontaines a une décoration plus opulente que le pavillon Perrusson. Sa situation en bordure de voie ferrée n’est pas anodine. Tous les voyageurs, clients potentiels, peuvent admirer ses décors en céramique colorée.
La clientèle de l’entreprise est hétéroclite. Elle vend en majorité de la céramique architecturale classique (briques, tuiles), mais fabrique également des céramiques beaucoup plus luxueuses vendues à une clientèle aisée. La villa Perrusson met principalement en exergue des produits haut de gamme. Les commanditaires invités dans la villa peuvent ainsi apprécier, sur pièce, la qualité des céramiques présentes sur les façades et à l’intérieur de l’édifice.
D’autres bâtiments ont également un rôle publicitaire. C’est par exemple le cas des écuries, visibles depuis la voie ferrée, et de la cité ouvrière. Située le long du Canal du Centre, ses maisons arborent des céramiques architecturales colorées destinées à retenir l’attention des clients potentiels.